H Berri

 

 

4/8 : Claire : fourmi mutualisante O.H

 

Peu de coutières à leur compte créent des vêtements à partir de textiles récupérés. Le volume d’un tissu est trop souvent limité, la durée de confection varie selon la matière à réutiliser. « Au lycée, on nous a fait travailler sur un projet d’entreprise de recyclage de vêtements d’adultes en tailles enfants. C’était une bonne idée. Avec un, on peut en faire trois. Mais notre temps passé revenait trop cher et rendait nos prix de ventes impossibles. » Grâce à cette expérience, Claire a choisi des matières spécifiques dont la récupération, le désassemblage et la couture peuvent être réalisés en un temps qui permet un prix abordable. Ainsi, elle coud des jupes et des vestes à partir d’anciens jeans dont la toile est moins longue à travailler, recherchée car, elle n’existe pas en rouleau neuf de qualité identique, sécurité des fabricants pour éviter les contrefaçons. Facile à assortir, indémodable, incontournable, le jean est dans toutes les penderies. Sur le conseil d’une ancienne couturière, Claire plie ses ourlets de jean au marteau. Elle jongle avec les tissus, un bout à découper ici, un autre là, principe du patchwork. Coudre des pièces uniques est une performance créative et économique. Dans un monde où tout est fabriqué standard, faire du « sur-mesure » à partir d’habits récupérés est aussi un défi astucieux à un système débordé par les déchets issus d’une surconsommation de textiles. 

 

Après deux ans et demi en pépinière d’entreprises à Hasparren, Claire a ouvert une boutique près de la mairie, vitrine de son atelier où elle y coud tous les jours inspirée par les étapes de sa vie. « Enfant, j’ai reçu une machine à coudre en plastique avec des piles. J’étais jalouse de celle de ma cousine branchée au secteur. Ma première motivation pour la couture. Maintenant que je suis maman, j’ai envie de coudre des vêtements pour enfants, de  transformer des robes de mariées. » remarque-t-elle.Depuis ses débuts, elle mutualise avec les moyens d’O.H. Elle anime, intervient en langue basque  lors de manifestations extérieures pour la maison de couture, y dépose ses restes de tissus, récupère des pulls en laine pour coudre des moufles, des bonnets, des jeans pour sa nouvelle couture, recherche des chemises, des tissus à motifs et des toiles cirées pour confectionner des trousses, des porte-monnaie, des étuis pratiques, faciles à laver. L’exposition de quelques-unes de ses créations dans la boutique O.H, amène plutôt des commandes « sur-mesure » de la clientèle féminine. Claire se souvient qu’elle a débuté sur les marchés avec un lot de vêtements de la  mercerie récupérée et une camionnette. « Les marchés liés aux fêtes sont rentables, ceux de l’été sont utiles.» reconnait-elle. 

 

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